Pendant tout le XIIIème siècle, des luttes sans merci déchirent le nord de l'Italie. Le trône de Saint Pierre est si fortement menacé que les papes quittent Rome et transportent le Saint-Siège à Avignon où ils résideront au cours du XIVème s. En quelques décennies, cette ville rhodanienne devient une opulente cité commerciale et intellectuelle qui brille en Europe d'un éclat sans pareil.
Les papes ne cessent d'acquérir des terres d'Avignon, afin d'agrandir leur domaine et d'en tirer de substantiels revenus. C'est ainsi qu'ils se rendent propriétaires de Richerenches et de Valréas en 1317, de Visan en 1344 puis de Grillon en 1451. La réunion de ces villages constitue, dès cette époque, une « enclave » pontificale dans les terres du futur royaume de France. L'Enclave des Papes était née. Elle restera enclave pendant un demi millénaire, jusqu'à ce que la Révolution Française lui impose de se rattacher au département de Vaucluse tout en restant une « enclave » dans celui de la Drôme ! Cette situation, unique en France, fait de l'Enclave des Papes une entité qui correspond à un véritable monument historique !
L'Enclave des Papes possède une agriculture riche et généreuse. Avant l'arrivée des papes, les Templiers avaient développé à Richerenches une importante commanderie spécialisée dans l'élevage des chevaux destinés aux croisades. La Renaissance, puis le temps du Roi Soleil et le siècle des Lumières, ont correspondu à l'extension de la viticulture, qui déjà produisait des vins de haute tenue, servis sur les tables royales.
Au XIXème s., d'astucieux Valréassiens, Revoul et Meynard, inventent un emballage en carton destiné à contenir la « graine » (les oeufs) du papillon dont la chenille est le « ver à soie ». L'activité liée à la soie est en effet devenue considérable en Provence. Cette boîte à « graines » engendre la naissance d'une industrie encore très vivace, celle du « cartonnage » qui donne à toute l'Enclave un caractère économique original.
Si, de nos jours, ses activités se sont diversifiées, l'Enclave a conservé comme un joyau son immense patrimoine historique, culturel et traditionnel, préservé dans un environnement digne des meilleures images de notre Provence : collines boisées, champs de lavande, coteaux couverts de vignobles, chênaies truffières et villages aux ruelles étroites.
L'Enclave des Papes ? C'est une aventure historique exceptionnelle, dont vous êtes chaleureusement conviés à découvrir tous les charmes en visitant les communes qui la composent, Valréas, Visan, Grillon et Richerenches.
La Tradition de la Crèche Provençale
C’est un moment important de la vie familiale en Provence que celui où l’on dispose en famille les santons ou «petits saints » souvent transmis de père en fils, dans la crèche, mot qui désigne la mangeoire qui servit de berceau à Jésus. Mais d’où vient cette tradition ?
L’origine de la crèche provençale remonte à l’Italie du XIIème siècle. A cette époque, dans les églises italiennes, on représentait les personnages de la Nativité par des sculptures mobiles. A partir de 1223, la première scène de la Nativité avec des personnages vivants fut représentée par Saint François d’Assise, dont la mère, Dame Pica, était originaire de Provence. Cette tradition se répandit alors en Italie et en Provence. La crèche se composait de l’enfant Jésus, de l’âne, du bœuf et de quelques bergers.
Par la suite, au Moyen Age, les crèches s’enrichirent de divers personnages : la Sainte Vierge, Saint Joseph, puis les anges, les bergers, les rois mages représentés par des statuettes de bois, de cire, de terre cuite ou de carton pâte.
A partir du XVIIème siècle, apparaissent les premières crèches dans les familles. Il s’agissait en général d’un petit théâtre miniature fermé d’une vitrine, peuplé de santons en verre filé ou en «mie de pain ». C’est à partir de cette date que les crèches italiennes franchirent les frontières pour devenir proprement provençales.
Enfin, la Révolution Française, en interdisant les pratiques religieuses, a favorisé leur usage en incitant chaque famille à fêter Noël dans son foyer autour des scènes de la Nativité.
Cette belle tradition provençale ne tarda pas à gagner toutes les régions de France.
La crèche authentique est en fait une représentation idéale du village provençal. Tous sont présents : la Sainte Famille, l’âne et le bœuf, l’étoile à queue de comète qui guidera plus tard les rois mages, les villageois qui viennent leur rendre visite et des personnages typiquement provençaux (la poissonnière, le pêcheur...).
La Séduisante Crèche de Valréas
Au cœur de l’hiver, dans l’église Notre Dame de Nazareth de Valréas, du 22 décembre au 10 février, la crèche provençale attire de nombreux visiteurs. Une petite équipe de paroissiens, environ une vingtaine, sensibilisés et motivés par cette tradition, œuvre, durant plusieurs semaines, pour réaliser avec de très beaux (certains atteignent 80 centimètres) et de très anciens santons (certains sont même centenaires) une crèche traditionnelle au décor renouvelé. Les costumes ont été restaurés et de magnifiques santons de cire ont été confectionnés au Carmel d’Avignon.
Sur une surface de 57m2, tous les santons typiquement provençaux cheminent vers l’Enfant Jésus en suivant l’étoile : li pastre (les bergers), lou pescaire (le pêcheur), la peissounièro (la poissonnière), mais également lou ravi (le ravi), li viéi (les vieux), lou boumian (le bohémien), li cassaire (les chasseurs), et autres bousquatié (les bûcherons) ou l’avugle émé soun drole (l’aveugle et son fils), le tambourinaire, Grasset et Grassette,. On aperçoit amplifiée par la perspective, la ville de Valréas, son église, sa Tour Ripert avec ses collines et dans le lointain, la Lance dominant la campagne environnante.
Un Peu d’Histoire ...
Elevé sur le siège épiscopal de Saint-Paul-Trois-Châteaux en 637, Martin des Ulmes honore son diocèse par une vie exemplaire. Frappé de la lèpre, il se retire dans une maison de campagne près de Taulignan. A sa mort une chapelle est bâtie, dédiée à son souvenir où ses reliques sont l'objet de la vénération de tous les fidèles.
Le 27 juin 1398, devant les exactions et les pillages de Raymond de Turenne, on remet les saintes reliques au gardien des Cordeliers de Valréas, ville fortifiée et judicature majeure du Comtat.
Dès 1498, les ossements du Saint sont déposés dans une belle châsse d'argent et sont placés sur l'autel majeur pour être livrés à la dévotion ardente des fidèles tous les 23 juin. A la tombée de la nuit, un cortège splendide, portant les fameuses reliques, parcourt les rue illuminées, escorté de gardes, des autorités civiles, religieuses et militaires entourées des "Métiers" et "Confréries"' au milieu de bruyantes manifestations de joie et des feux de Saint Jean sur les places et carrefours...
Mais Taulignan réclame ses reliques et la garde de la procession est de plus en plus renforcée jusqu'au jour où la menace devenant plus pressante, Valréas prend la décision de ne plus sortir "ses" reliques du Couvent des Cordeliers.
La fête, bien ancrée dans le cœur de la population, ne pouvant être abandonnée, on substitue alors aux reliques un Saint-Jean-Baptiste enfant.
La Nuit du Petit Saint Jean
- Le Choix du Petit Saint Jean
Alors que la Saint Jean a été conçue sous la domination Papale, c’est en 1961 que le conseil municipal décide à l’unanimité de fixer, une fois pour toute, les règles de recrutement du «petit Saint Jean » :
1) Il devra être né à Valréas.
2) Il devra être baptisé dans la religion catholique.
3) Il devra être âgé de 3 à 5 ans.
4) Sa famille sera française.
5) L’un de ses parents sera au moins valréassien depuis un minimum de 10 ans.
6) Il ne sera pas forcément blond mais d’un tempérament naturel et éveillé.
7) Il sera désigné par le maire, qui aura la faculté, s’il le juge utile, de prendre l’avis de toute personne de son choix.
- Le Déroulement de la Fête
La nuit de la Saint Jean, qui a pour théâtre la majeure partie de la ville, se déroule en 4 phases successives, chaque année, le 23 juin à la nuit.
400 personnages costumés y participent.
Ø Le Petit Cortège.
Franchissant le portail sud de l’église Notre Dame de Nazareth, où sont déposées les reliques de Saint Martin des Ormeaux, apparaît le cortège du Petit Saint Jean de l’an passé, porté à cheval par le Capitaine Pontifical et précédé de son étendard, de ses gens, des porteurs de torches, des tambours, des hallebardiers, des grands personnages : consuls, viguiers, commandants d’armes, porte-clefs de la ville, porte-flamme des grandes familles, étendard du Québec et le Prince à l’agneau.
Le cortège se rend au château de Simiane au son des tambours de la ville battant la marche processionnelle et éclairée par les porteurs de torches.
Le Petit Saint Jean de l’an passé va transmettre ses pouvoirs à son successeur.
A son arrivée au château, le cortège disparaît dans la nuit.
Ø La Cérémonie.
Se déroulant dans la cour d’honneur du Château de Simiane, la cérémonie est annoncée par les sonneries des trompettes pontificales et la mise en place successive d’une partie des personnages.
Le Petit Saint Jean de l’an passé va transmettre au nouveau Saint Jean sa bénédiction et sa croix, emblème de royauté.
Sont présentés au Nouveau Saint Jean, l’étendard du Roi des Bouviers de l’année et l’étendard personnel de Saint Jean ; l’étendard du Québec, par un jeune page, venu spécialement de la Belle Province.
Ensuite, les moinillons apportent à l’Enfant-Roi les offrandes de toute la population.
Ces offrandes terminées, voici l’émouvante séquence de l’Agneau Divin : le Prince à l’Agneau, escorté des porteurs de la litière, de l’étendard du Québec et des guides moinillons, vient présenter à Saint Jean et à la foule l’Agneau de Dieu.
Pour terminer cette phase de la cérémonie, les 30 étendards des corporations et confréries sont présentés à Saint Jean et à la foule.
Ils se retirent, laissant Saint Jean sur son trône, entouré des grands personnages et des gens de sa maison, et protégé par la Garde Pontificale.
L’Enfant-Roi, pour la première fois de son règne, bénit la foule rassemblée sur la Grand-Place.
Ø Le Grand Cortège.
Quittant la cour d’honneur du château de Simiane, le grandiose cortège, auquel viendront s’ajouter les cavaliers, le Roi des Bouviers et ses gens et le char de l’agriculture, commence son périple dans les rues et grandes avenues de Valréas, Saint Jean, de sa litière, précédé du Prince porteur de l’Agneau et entouré des 40 moinillons, bénissant sa ville et la foule.
Sur la partie des cours du Berteuil, cours Victor Hugo, cours de la Recluse, le grand cortège se déroule uniquement à la lueur des torches, ce qui ajoute un fleuron supplémentaire au caractère surnaturel de cette manifestation.
Ø L’Apothéose.
Et Saint Jean, ayant parcouru et bénit sa ville, revient avec son merveilleux cortège au château de Simiane, où se déroule la cérémonie finale.
Le jeu scénique, animé par l’immense cortège des 400 personnages, ramène Saint Jean sur son trône entouré des gens de sa maison : dignitaires, sa bannière personnelle et les flammes des grandes familles, son étendard personnel, celui du roi des bouviers et du Québec, les 30 étendards des confréries, les bannerets, le Prince à l’Agneau, le porte-clefs de la ville, les porteurs de la litière.
L’immense tableau final disparaît doucement dans l’ombre, comme s’il regagnait le ciel... Et Saint Jean, petit roi sorti de la nuit, retournera à la légende protégeant Valréas pendant la durée de son règne, jusqu’au 23 juin de l’an prochain.
- L’Ordre des Compagnons de Saint Jean
Créé en septembre 1961, sur l’initiative de Maurice Bonnard et Pierre Roux, l’ordre des Compagnons de Saint Jean a pour but de perpétuer, aussi longtemps qu’il le faudra, l’étonnante et admirable nuit du Petit Saint Jean.
Les Compagnons de Saint Jean ont pour mission d’œuvrer pour la défense et l’illustration de la tradition de la Nuit de Saint Jean. Ils s’engagent à rester fidèles à l’idéal de fraternité et d’honneur qui doit être celui de leur Ordre et s’engagent également à promouvoir cet idéal.
Les Compagnons de Saint Jean se doivent d’observer les règles suivantes :
- Courtoisie sur le plan des relations humaines, tolérance mutuelle, respect des convictions d’autrui.
- Collaboration dans la loyauté et assistance.
- Mise au service de l’Ordre des bonnes volontés, des concours désintéressés.
Ce qui importe, c’est l’esprit de l’Ordre. Ce qui doit être présidé à ses assemblées, c’est l’amour de la Saint-Jean. Ce que chacun peut exiger de l’autre, c’est qu’il serve la Saint-Jean. Au sein de l’ordre, règne en permanence l’atmosphère qui règne à Valréas pendant la nuit de Saint Jean alors que tous les Valréassiens sont rapprochés, presque confondus, dans une pensée, dans le même souci, dans un même amour.
Voilà ce que les anciens ont pour mission d’enseigner aux jeunes serviteurs de la Saint Jean, ce que les vieux ont la charge d’apprendre aux jeunes, car c’est sur les jeunes, principalement, que l’ordre doit appuyer son activité. C’est sur les jeunes qu’il faut compter pour assurer les lendemains de la Saint Jean et son avenir.
L’Ordre des Compagnons de Saint Jean comprend des stagiaires, des titulaires et des dignitaires dirigés par une commanderie. Un règlement intérieur fixe les divers grades de cette Commanderie, la désignation des titres honorifiques et les modalités du fonctionnement de l’Ordre. Ainsi, chaque Compagnon admis au sein de l’Ordre est pleinement conscient de son attachement à la Saint Jean, car il doit tout mettre en œuvre pour en assurer le maintien ; il sait qu’il doit puiser en lui les forces nécessaires qui en garantissent la réussite et son avenir.
La Trufficulture.
La consommation de la truffe remonte sans aucun doute à des temps immémoriaux, déjà dans l'Antiquité, Grecs et Romains en faisaient un mets de choix : Porphyre n'hésitait pas à l'élever aux rangs "d'enfant des dieux", Pline la qualifiait de "miracle de la nature". Cependant, il faut attendre la fin du Moyen Age pour trouver sa trace dans l'histoire de France et c'est à la fin du XIXème siècle que le commerce de la truffe va connaître un véritable essor : le développement rapide d'une population aisée dans la capitale et dans les grandes villes fit de la truffe un ingrédient indispensable, un signe de reconnaissance, sans lequel un bon repas ne pouvait prétendre à un certain standing. Parallèlement, le phylloxéra qui s'est abattu sur les vignobles à partir de 1863 a contraint beaucoup de viticulteurs à se tourner vers d'autres productions. Les vignes sont alors arrachées et remplacées par des truffières dont la rentabilité s'avère extraordinaire : la production de la première décennie du XXème siècle s'élevait à près de 2000 tonnes par an ! Autrefois, le sud-ouest fournissait l'essentiel de la récolte. A présent, les deux tiers des truffes "cavées", c'est-à-dire ramassées, en France, proviennent Vaucluse. Pourtant, on les appelle "truffes du Périgord" en raison de l'implantation des entreprises de conditionnement.
De nos jours, la production oscille entre 10 et 40 tonnes par an.
Ce sont les arbres truffiers (chênes pubescents, chêne vert, noisetier ou même tilleul) qui constituent les principaux partenaires de la truffe : "le rôle silencieux de l'arbre, presque silencieux et invisible, est complexe et bienfaisant" Jean Pagnol. On parle d'association car sans la présence de l'arbre, qui fournit l'alimentation carbonée, les sucres et les acides organiques, la truffe ne peut se développer.
Autour du Diamant Noir…
Les "rabassaires" viennent tous les samedis matin de novembre à mars au marché, intense mais secret. On assiste alors au même rituel : les trufficulteurs proposent aux négociants, courtiers et grands chefs de la région, les fameuses "rabasses", nom vauclusien du Diamant Noir.
Une tradition depuis 1952 : à cette époque, le Père Michel, curé de la paroisse de Richerenches, officialise la Messe aux Truffes. Elle a lieu toutes les années le troisième dimanche de janvier pour la Saint Antoine, patron des trufficulteurs. En 2003, elle aura lieu le matin du dimanche 19 janvier. Lors de la quête, les truffes sont déposées dans les corbeilles en guise d'offrandes. Après la pesée, sur le parvis de l'église, le produit de cette offrande est vendu aux enchères par la grâce d'un fameux "crieur". C'est le chambellan de la confrérie de la truffe. Depuis toujours, le résultat de cette vente aux enchères est versé à la paroisse.
- Château de Simiane
L'Hôtel de Simiane tient son origine de la famille d'Eymeric qui construit au XIVème s. les deux corps de bâtiment que l'on voit encore le long de la rue de l'Hôtel de Ville. Il y a en revanche peu de traces des travaux réalisés aux XVème et XVIème s. par la famille Truchenu. L'essentiel de l'édifice actuel est bâti en 1639-1640 par l'entrepreneur cavaillonnais Bernard Moureau sur les plans de l'architecte avignonnais François Royer de la Valfenière pour Louis de Simiane.
Pauline de Simiane, femme de Louis de Simiane, écrivit beaucoup de lettres dont on ne connaît qu'une faible partie. Mais son plus grand titre littéraire est d'avoir décidé de publier les lettres de sa grand-mère, Madame de Sévigné, dont le château se trouve à Grignan.
Défilé de chars fleuris accompagnés de groupes folkloriques, fanfares, parades de majorettes. Sans oublier le char de Miss Corso, les comtadines qui distribuent des bouquets de lavande au public et pour clore le défilé, le passage de la sulfateuse, chargée de lavande et qui embaume Valréas le temps d'une soirée.
Les vins de l'Enclave sont parmi les plus réputés des Côtes-du-Rhône* avec Richerenches, Visan et Valréas, dont deux appellations "Village".